Familles de sièges
L’adaptation du mobilier aux préceptes architecturaux développés dans le cadre du projet Chandigarh sera confiée par Le Corbusier à son cousin. Celui-ci trouvera là l’opportunité d’effectuer le travail de synthèse qu’impose une collaboration entre le bureau d’études de Paris et celui établi sur place sous la direction de Pierre Jeanneret.
Formé à l’architecture au sein de l’École des Beaux Arts de Genève, Pierre Jeanneret conservera de cet apprentissage un goût marqué pour les matériaux sobres, les ossatures épurées comme pour les constructions simplifiées, fonctionnelles aux lignes de force puissantes et élégantes.
Certes Jeanneret ne professera jamais ouvertement une quelconque théorie liée à l’arithmosophie ou à la sémiologie cependant, il est indéniablement sensibilisé aux règles du nombre d’or ainsi qu’aux principes édictés par Le Corbusier dans son célèbre » Modulor « .
Si l’on se plie à l’exercice de la catégorisation, on peut aisément constituer une classification du mobilier d’assise à partir de critères liés aux structures mêmes des sièges. En se basant sur l’étude des piétements, on peut dès lors partager les différents exemplaires en quatre rubriques principales :
– le piétement de type « V » inversé, autrement nommé » pied compas ».
– le piétement de type « U » inversé, autrement nommé » pied pont ».
– le piétement de type « X ».
– le piétement de type « D ».
En observant de plus près chacune des typologies, on s’aperçoit qu’il existe alors d’autres paramètres à prendre en compte. Si l’on souhaite inventorier les sièges à piétement en « V » inversé, on se doit d’établir des subdivisions en fonction de la hauteur des assises :
– Une première collection comprenant tabouret, chaises et fauteuils arborant une assise haute induite par la nécessité d’une parfaite adéquation avec les dimensions normées des bureaux et tables auxquels ces sièges étaient associés.
– Une seconde série se distinguant par une assise plus près du sol propice à une position favorisant la conversation et permettant à l’usager de s’asseoir confortablement de façon moins strictement conventionnelle.
Par ailleurs, et afin d’effectuer un travail de recensement complet, il apparait nécessaire de mentionner un groupe spécifique de par sa destination.
En effet, certaines chaises se singularisent en affichant clairement leur vocation fonctionnelle en étant dotées d’un accotoir unique destiné à servir d’écritoire.
Les piétements en « X » comme les piétements en « U » inversé présentent les mêmes particularités que ceux cités précédemment en proposant également deux versions en assises hautes ou basses.
Les piétements de type « D » offrent un aspect géométrique plus marqué et se déclinent aussi en tabouret, chaise et fauteuil.
Outre des modèles entièrement en bois, plusieurs solutions de revêtements ont été expérimentées.
Faisant appel aux registres de la corderie, de la ficellerie, du cannage et autres tissages, de multiples options ont été explorées pour garnir, rembourrer et recouvrir les assises afin de conférer à l’utilisateur le meilleur rapport ergonomique entre commodité et agrément.
Coton, moleskine, simili et véritable cuir étant apposés sur les sièges en fonction de l’importance hiérarchique du destinataire.