Les Marquages du Mobilier
Comme nous l’avons évoqué précédemment, la réalisation du mobilier créé dans le cadre du projet Chandigarh n’a pas été exécutée en une seule fois et sur un unique lieu de fabrication. Tout au contraire, l’option choisie par les équipes de Le Corbusier et de Pierre Jeanneret a consisté à mettre en marche simultanément une multiplicité d’ateliers de menuisage qui ont travaillé régulièrement au fil du temps pour répondre efficacement à la demande sans cesse réajustée.
Afin d’être en mesure d’exercer un certain contrôle sur les diverses productions et de pouvoir superviser au mieux l’usinage, la répartition et la distribution des différents meubles élaborés, il a été décidé d’établir un catalogage censé faciliter un recensement aussi incontestable qu’immédiat. A base de lettrages et de chiffres, un numéro d’identification peint au pochoir ou à main levée figure sur l’arrière ou le coté de beaucoup d’exemplaires. Ce procédé présentait l’avantage d’être peu couteux et d’une grande souplesse d’utilisation car, pour assurer une parfaite gestion des stocks, il suffisait d’écrire ces renseignements dans des registres tenus et conservés dans le secrétariat de chacun des services concernés.
Il convient toutefois de souligner que si, en théorie, cette solution semblait parfaitement évidente à maîtriser, dans la réalité, il en était tout autrement. Le principal obstacle découle de ce que les ameublements qui garnissaient les maisons privées de Chandigarh n’étaient pas soumis à cette réglementation. En effet, ne relevaient de cette prescription que les éléments exclusivement livrés aux établissements administratifs. Compliquant encore l’analyse, il est à noter que si quelques uns d’entre eux sont dépourvus de tout matricule soit par omission soit parce qu’avec les années ils ont pu s’effacer, d’autres par contre sont susceptibles d’en abriter plusieurs. Cela résulte du fait que si, pour telle ou telle raison, ils étaient déplacés de leur emplacement d’origine vers une autre réaffectation, ils pouvaient alors recevoir une nouvelle marque complémentaire.
La tâche est donc plus ardue pour réussir aujourd’hui à décrypter pleinement toutes les informations véhiculées par la codification, d’autant que certaines furent apposées directement par les ébénistes, dans les sites de construction, en fonction des commandes et de leur affectation avec des critères personnels, voire “anarchiques”.
